Insertion scolaire : l’APSDC accompagne les enfants vivant avec troubles

Trouble envahissant du comportement, l’autisme est encore peu connu au Congo. La première journée de sensibilisation à l’autisme au Congo n’a eu lieu qu’en 2015. Beaucoup de familles associent encore l’autisme à des origines mystiques. Incompris, les enfants vivant avec ce handicap sont exclus par leurs familles, dans les quartiers et à l’école, parce qu’ils ne peuvent pas avancer comme les autres. Pourtant, les capacités intellectuelles ne sont pas toujours affectées, et quand cela est le cas, quelques-uns d’entre eux voient leurs comportements s’améliorer, regagnent ou poursuivent leur cursus scolaire, et sont économiquement réinsérés. 

Malheureusement très peu sont pris en charge et orientés vers les quelques rares services habilités existants, certains vivent dans le pire des cas, en « étant abandonnés, enfermés, enchaînés » et d’autres sont même tués. Pour en savoir plus sur les processus de prise en charge, nous avons interviewé sœur Ida Pélagie Louvouandou, coordonnatrice de l’école Case Dominique, une des rares structures d’accueil des enfants à troubles autistiques au Congo, appartenant à l’Association des petites sœurs dominicaines.

La lettre du PCPA Congo (LPC) : Depuis combien d’année et pourquoi a été créée votre école ?

Sr Ida : la Case Dominique est créée en mars 2000. L’école s’est engagée à la détraumatisation des élèves et à la scolarisation des élèves allant de 3 à 25 ans ne pouvant plus intégrer les écoles formelles pour des raisons de retard scolaires ou de maladies. Dans sa mission, elle se déploie à leur redonner confiance, les former, les accompagner dans leur autonomisation et leur insertion.

La lettre du PCPA Congo (LPC) : Combien d’enfants sont pris en charge au sein de votre structure ?

Sr Ida : 325 élèves dont 138 filles, sont actuellement scolarisés à la Case Dominique, alors que la capacité d’accueil est de 300 places. le constat est que quand ces enfants sont reçus ils peuvent avancer, se développer avec un accompagnement, un appui et un travail individualisé.

La lettre du PCPA Congo (LPC) : combien de personnes sont impliquées dans l’école et pour combien de classe ?

Sr Ida : Au total nous avons 16 enseignants dont 5 émargeant à la fonction publique, ainsi que 8 autres acteurs bénévoles.

La lettre du PCPA Congo (LPC) : Quels sont les types d’enfants qui peuvent être accueillis à la case Dominique ?

Sr Ida : En plus des enfants traumatisés, retardés, ou décrocheurs scolaires, nous recevons également les enfants avec différents profils. On peut citer : les trisomies, les troubles du spectre autistique, les troubles envahissants du développement, les troubles du déficit de l’attention, les troubles dys, la micro et macrocéphalie, handicap physique et tout autre trouble envahissant non identifié (TNI).

En effet, la condition d’admission est en réalité la présence d’un problème qui met l’enfant en dehors du circuit de l’école formelle. Les parents doivent fournir le dossier médical, le dossier scolaire, deux photos, un extrait d’acte de naissance.

La lettre du PCPA Congo (LPC) : Est-ce le même traitement de scolarisation pour tous les enfants autistes ?

Sr Ida : Les élèves autistes sont scolarisés en tenant compte de la situation particulière de chacun et suivant le plan d’intervention établi. Ils sont souvent en inclusion et quelques-uns bénéficient d’une prise en charge très individuelle. 

Il s’agit en fait d’un processus qui débute par la stabilisation de l’enfant pour qu’il retrouve sa routine, puis par une acquisition des mécanismes fondamentaux d’apprentissage. Après cela, l’enfant commence à acquérir des mécanismes d’attention et peut aller en préscolarisation. Ce circuit n’est pas obligatoire car tout dépend de la situation particulière de l’enfant et de l’évolution de ses compétences. 

La lettre du PCPA Congo (LPC) : Dans la pratique, cela ressemble à quoi ?

Sr Ida : La classe de l’acquisition des mécanismes d’apprentissage montre à l’enfant comment s’assoir pour suivre et comprendre ce que l’on dit, et comment développer le sens de l’observation. En tout cas, ces classes ne sont pas théoriques, ce sont des activités qui obligent l’enfant à s’asseoir et à se concentrer, des activités qui montrent à l’enfant comment procéder pour mieux se tenir.

La classe lente désigne un programme de Cours préparatoires très lent où on s’occupe de l’avancement de l’enfant que l’on suit avec précision donc quand il n’avance pas on n’avance pas non plus.

Et dans une classe il peut y avoir plusieurs niveaux. C’est celui qui enseigne les enfants qui sait classer chacun d’eux dans le niveau correspondant. Il y a un accompagnement particulier pour chaque enfant.

Toutes les classes sont divisées en trois voire quatre niveaux (en fonction de la demande) :

  • Le niveau jeune en primaire (J1/J2/J3/J4)
  • Le niveau technique (T1/ T2/ T3/T4) : à partir de 16 à 17 ans.
  • Le niveau adulte (A 1/ A2/ A3/A4).

La lettre du PCPA Congo (LPC) : Lorsque vous parlez d’insertion sociale ou professionnelle à quoi faites-vous allusion ? 

Sr Ida : Nous formons ces enfants à l’apprentissage d’un métier. Comme activité à l’école il y a la broderie, la cuisine, la couture, la perlerie, le jardinage, la restauration, la pâtisserie. Il y a aussi des ateliers d’électricité, de soudure, de mécanique. Tous les ateliers ne sont pas sur place ici à la Case Dominique. Parfois on travaille avec des ateliers hors de l’école, c’est le cas par exemple de Don Bosco ou encore de certains maitres-artisans de la place principalement pour la mécanique et la soudure parce que nous n’avons pas le matériel adéquat.

La soeur Ida au restaurant de la case dominique

La classe finale correspond à la 6ème ou la 5ème de l’école formelle. C’est la dernière classe disponible à la Case Dominique. Certains parents nous demandent de faire reprendre la classe de 6ème à leurs enfants encore et encore car ils ne savent pas où ils peuvent le placer à défaut de rester à la maison. L’école est un des seuls endroits où ils se sentent utiles et valorisés, c’est pourquoi nous souhaitons ajouter des niveaux de classes, jusqu’à arriver en 3ème.

La lettre du PCPA Congo (LPC) : Comment sont financées les activités de l’école ?

Sr Ida : La Case Dominique vit spécialement des dons et de quelques participations des parents. Cela ne suffit malheureusement pas. Nous faisons tout notre possible pour pouvoir accueillir plus d’enfants qui traînent à la maison. Nous avons besoin de plus de soutien.

 La lettre du PCPA Congo (LPC) : Quel est votre mot de la fin ?

Sr Ida : Tout d’abord je tenais à vous remercier d’être passé nous rendre visite. Nous savons que ce que nous faisons n’est pas vain. Il y a une réelle joie de voir que ces enfants ont pu franchir une autre étape dans leur mode de vie en devenant autonomes. Par exemple, dans l’atelier cuisine, il y a une ancienne apprenante qui est devenue monitrice.

Si tout se passe bien, très prochainement, nous pourrons ouvrir un autre centre vers Bacongo où nous avons constaté que la demande est très forte.

Brazzaville : mise en place d’une cellule d’éveil pour promouvoir les droits des veuves

En début d’année 2021, dans le cadre du projet « Amélioration des conditions de vie des veuves des arrondissements : 2 Bacongo, 4 Moungali, 7 Mfilou et 9 Djiri de Brazzaville » appuyé financièrement par le PCPA Congo, l’Association Dignité Féminine (ADF) a mis en place en partenariat avec Action Evangélique pour la Paix (AEP) une cellule d’éveil des femmes veuves dans chacun de ces  arrondissements.

Ces cellules ont pour premier rôle de permettre aux femmes vivant dans ces 4 arrondissements d’avoir la bonne information en ce qui concerne la situation des veuves en République du Congo, leurs droits et recours possibles, ainsi que les réformes en cours.

En plus de tenir une permanence pour gérer les situations au cas par cas, elles organisent très souvent des activités de sensibilisation itinérantes au sein des paroisses évangéliques des quartiers retenus.

Par ailleurs, un atelier de sensibilisation des pouvoirs publics sur les droits et devoirs des veuves a été réalisé le 31 juillet 2021 et a abordé plus particulièrement les sujets du pré-mariage ou dot, les rites de veuvage et les droits successoraux.

Quelques chiffres sur les personnes concernées par cette sensibilisation :
4 veuves des arrondissements (1 par arrondissement)
2 représentants du ministère de la Justice
2 représentants du ministère de la Femme
2 chefs de quartier (Bacongo et Djiri)
6 membres du consortium porteur du projet.