MDA et son engagement dans la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) depuis 2017

Les Violences Basées sur le Genre (VBG) constituent une violation majeure des droits de l’Homme et particulièrement des femmes, et un grand problème de santé publique selon l’Organisation mondiale de la santé. L’OMS indique que 35 % des femmes à l’échelle mondiale disent avoir été exposées à plusieurs types de violences (physiques, sexuelles, psychologique, économique, …) de la part de leur partenaire intime ou de quelqu’un d’autre, à tout moment (en temps de paix et de guerre) et en tout lieu (maison, école, rue, travail, etc.).

Ces violences prennent leurs racines dans les relations inégalitaires entre les femmes et les hommes, basées sur des croyances individuelles et des normes sociales, avec des facteurs aggravants comme : la pauvreté, l’insécurité due au contexte politique ou à l’absence d’infrastructures de base, l’impunité due à la faiblesse du système juridique/ judiciaire, la délinquance, la consommation des drogues, de pornographie et l’ignorance par les femmes et les hommes des droits des femmes et des lois qui les protègent.

C’est dans cette optique qu’une action de taille a été confiée à Médecins d’Afrique (MDA) par le Fonds des nations unies pour la population (FNUAP) pour sa mise en œuvre. Il s’agit de fournir des services de santé de la reproduction et de lutte contre les violences basées sur le genre au profit des communautés et des formations sanitaires situées dans les zones vulnérables. Cependant, pour lancer ces différentes activités, un certain nombre de dispositions devraient être prises notamment : le renforcement des capacités de tous les intervenants dans la chaîne de prise en charge des victimes de ces violences.

Ainsi, en mars 2017, un total de 16 personnes exerçant la profession d’agent psychosocial et de relais communautaire dans les localités de Loutété et Yamba (Bouenza) ont été formées sur la prévention et l’accompagnement communautaire des victimes / survivantes des violences basées sur le genre (VBG).

Cette formation s’est poursuivie à Brazzaville en juin 2018, avec les officiers de police judiciaire des commissariats de police (Sud, Nord et centre) et quelques membres de la société civile. La formation a été couplée à celle de la lutte contre la stigmatisation et la discrimination liées au VIH. 20 personnes y ont pris part.

Photos de famille des participants à la formation des officiers de police judiciaire des commissariats (c) photos : MDA / juin 2018

En juin 2019, alors que le département du Pool est sujet à des violences armées, l’association MDA a jugé nécessaire de former les agents de santé, les agents psychosociaux, et les relais communautaires. Au total 134 personnes ont été formées sur la prévention et l’accompagnement communautaire des victimes des violences basées sur le genre (VBG).

En outre, l’expérience a été démontré que le changement climatique a un impact négatif sur de nombreux secteurs, y compris la pêche, l’élevage, l’agriculture, et tend à aggraver les vulnérabilités et les risques de violence. C’est ainsi que, pour prévenir les risques de violences faites aux femmes dans les départements de la Cuvette, de la Lékoumou, de la Likouala, des Plateaux, et de la Sangha qui ont connu en décembre 2019 des pluies torrentielles entrainant de grandes inondations et un déplacement des populations, MDA a procédé à la formation à la prévention des VBG et aux techniques de santé de la reproduction de 190 personnes exerçant les professions d’agent de santé, de relais communautaires ou reconnus comme leaders dans les localités de Betou, Bouemba, Impfondo, Loukolela, Makotopoko, Mossaka, Mpouya, Ouesso et Sibiti, , en février 2020. Par ailleurs, le Gouvernement Congolais a même

En plus des formations pour lutter contre les violences et les discriminations basées sur le genre, MDA a également organisé plusieurs formations pour promouvoir l’utilisation des médias sociaux dans la lutte contre le VIH/SIDA, dans le but de toucher et d’informer un public jeune et connecté au sujet de la maladie, et des services de prise en charge/ dépistage.

Interview : Agnès Koubikani de l’ANEP parle de son partenariat avec le CFSI et MDA

Portrait d’Agnès Koubikani (c) photos : PCPA Congo / Juillet 2020

Comment ce partenariat a-t-il débuté ?

Les relations de partenariat avec le Comité français pour la solidarité internationale (CFSI) ont commencé depuis le programme Dialogue citoyen (2004-2006), mis en œuvre entre le CFSI et le FJEC (Forum des jeunes entreprises du Congo). Ce programme a créé des espaces de dialogue sécurisé entre société civile, et a permis à des OSC d’être associées à la préparation du premier Document cadre de réduction de la pauvreté (DSRP) adopté en mars 2008. Un document qui a permis de décliner les priorités de développement sectoriels en République du Congo. L’Association Nationale pour l’Education Prénatale (ANEP)-Congo a participé à ce programme en tant que membre de la Plate-forme Pauvreté-Santé-Education de Pointe Noire.

Au début du programme concerté pluri acteurs (PCPA) Congo, l’ANEP a commencé à expérimenter le partenariat contractuel avec le CFSI, par le financement de la plate-forme pour le projet « Plaidoyer sur la santé à l’école dans six écoles pilotes du département de Pointe-Noire ». Ce projet a été financé par le PCPA Congo en 2009. En dehors de la plate-forme, dans la même période, l’ANEP Congo a bénéficié d’un second projet intitulé « Projet d’appui à l’éducation alternative des jeunes déscolarisés et non scolarisé de Mvou-Mvou ».

Lorsque le PCPA a lancé le regroupement des membres en plateformes thématiques en 2011, l’ANEP Congo a poursuivi son travail sur la « Problématique de la promotion de la santé en milieu scolaire ».

Ensuite, le CFSI a choisi ANEP Congo comme partenaire pour la mise en œuvre du projet « des plateformes thématiques structurées et pérennes pour le dialogue société civile et Pouvoirs publics en république du Congo ». Ce projet a été cofinancé par l’AFD et l’Union européenne dans le cadre de son programme PAREDA[1]. Il avait pour objectif de renforcer les dynamiques collectives structurantes et durables au sein de la société civile congolaise, en vue de sa participation à l’élaboration et au suivi des politiques publiques dédiées à la lutte contre la pauvreté et les inégalités.

Enfin la construction de ce partenariat s’est poursuivie jusqu’à ce jour, le CFSI a de nouveau choisi l’ANEP et une autre OSC congolaise (MDA)[2] pour être codemandeurs dans le cadre du projet intitulé « Agir ensemble pour la défense des droits des minorités et des groupes vulnérables », du Programme concerté pluri-acteurs Congo (PCPA Congo) qui bénéficie d’un soutien financier de l’Union européenne, de l’Agence Française de Développement et du CFSI.

Comment l’avez-vous vécu dans le cadre du projet IEDDH « Agir ensemble pour la défense des droits des minorités et des groupes vulnérables » ?

Pour l’ANEP-Congo ce partenariat nous a permis d’expérimenter l’approche fondée sur les droits. Cette approche du développement en termes de droits s’appuie sur les droits et libertés (droits civils et politiques) mais aussi sur les droits économiques, sociaux et culturels. Elle repose sur (i) le cadre juridique national qui doit garantir les droits universels, (ii) l’application de la loi avec des mécanismes de contrôle indépendant de l’Etat et (iii) l’accès et la connaissance par les citoyens de leurs droits.

Ce projet a été une satisfaction tant pour ses bénéficiaires, ses animateurs que nous (CFSI, ANEP Congo et MDA) en tant que porteurs. En effet, sa réussite réside également dans le fait que nous étions organisés pour faire des temps de bilans réguliers, se former et accompagner à certains moments directement des activités. Nous nous sommes enrichis mutuellement, et nous avons également beaucoup contribué par nos connaissances à la fois du monde des organisations de la société civile (OSC), des groupes vulnérables et des administrations publiques qui sont à nos côtés.

Dans nos partenariats, l’ANEP-Congo au-delà de la méthode employée, développe une parole consensuelle, qui repose sur le respect mutuel et le respect des clauses contractuelles.

Quelles ont été les difficultés rencontrées ?

Nous n’avons pas connu de véritables difficultés dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet avec nos partenaires (CFSI et MDA). Nous avons su nous comprendre dans la mise en œuvre de notre partenariat et nous faire écouter lorsque nos attentes n’étaient pas entièrement satisfaites.

Quelques désagréments rencontrés, du fait de l’éloignement géographique de l’animatrice de l’ANEP, ce qui l’a empêché d’être présente régulièrement auprès de la cellule exécutive du PCPA comme en avait la possibilité l’animateur de MDA. 

Enfin, nous aurions voulu que ce partenariat s’inscrive dans la durée, en effet, il n’a concerné que le projet « Agir ensemble pour la défense des droits des minorités et des groupes vulnérables ». Ce qui signifie que ce qui nous lie étant arrivé à son terme en mars 2020, le partenariat a pris fin. Or, il aurait fallu anticiper pour qu’il soit évolutif dans une optique de transfert de compétences et favorise encore davantage l’ancrage des deux associations congolaises partenaires.

Quels ont été le rôle et missions de l’ANEP-Congo dans le cadre de ce partenariat ?

L’ANEP-Congo et MDA, codemandeurs, du projet « Agir ensemble pour la défense des droits des minorités et des groupes vulnérables » ont apporté leurs connaissances du contexte et leur expertise d’appui et de défense des groupes vulnérables. Nous avons participé à la conception du projet (de la note conceptuelle au formulaire complet/ détaillé du projet) comme à la mise en œuvre de ses activités.

Vous avez été codemandeur aux côtés de l’association Médecins d’Afrique dans le projet « Agir ensemble pour la défense des droits des minorités et des groupes vulnérables », mis en œuvre par le PCPA Congo, comment appréciez-vous ce partenariat ?

Dans le cadre de ce partenariat nous avons appréciez les rapports de collaboration, la complicité de nos démarches, le partage et l’échange en permanence sur toutes les questions liées aux codemandeurs et au projet. Dans ce partenariat, l’animatrice de l’ANEP a beaucoup bénéficié de l’expérience de l’animateur de MDA en matière d’animation. Actuellement, elle est très motivée pour s’affirmer dans l’animation car elle possède maintenant plus de techniques et de compétences relatives au métier d’animation.

Est-ce que maintenant que vous avez appris à travailler ensemble durant 3 ans peut augurer un partenariat durable à l’avenir ?

Tout d’abord, ce n’est pas la première fois que l’ANEP travaille avec Médecins d’Afrique. La relation partenariale, avec Médecins d’Afrique date de plusieurs années. Nous avons déjà travaillé avec Médecins d’Afrique dans le cadre de la mise en œuvre de projets de prise en charge des Orphelins et autres Enfants Vulnérables à partir de 2005, mais aussi dans le cadre du programme de lutte contre le paludisme (2011), sur financement du Fonds Mondial, avec le Ministère de la Santé et de la Population.

Pour l’ANEP-Congo, la collaboration dans le cadre du PCPA n’a été qu’une continuité des liens existants et qui renforcent la dynamique de partenariat. Celui-ci est un processus, basé sur la complémentarité des expériences, des valeurs partagées (comme le consensus), des buts communs et la responsabilisation de chacune des parties. Ce partenariat ANEP- Congo -MDA s’est installé dans la durée. En vue de sa pérennisation, nos deux organisations réfléchissent sur une stratégie de fonctionnement en toute autonomie après le retrait des partenaires traditionnels. Car nous savons tous que le PCPA est un outil de renforcement indispensable pour la promotion des OSC du Congo.

Pensez-vous poursuivre votre engagement ensemble pour la protection des groupes vulnérables au Congo ?

Oui pourquoi pas ! Nous avons déjà collaboré dans ce sens et avons l’avantage de connaitre ces groupes vulnérables pour avoir travaillé dans la cadre de ce type de projets. Et puis, nous avons plusieurs thématiques de travail et certains groupes vulnérables communs.

Actuellement nous préparons un programme pour l’accompagnement des populations autochtones ; l’ANEP-Congo travaillera sur la thématique alphabétisation, MDA dans le domaine de la santé et l’Association Professionnelle pour la Valorisation des Produits Forestiers Non Ligneux (APVPS) dans la prise en charge de l’identité et la citoyenneté (les actes de naissances, les cartes nationales d’identité, et autres pièces d’état civil).


[1] PAREDA : Projet d’Actions pour le Renforcement de l’Etat de Droit et des Associations. Il a été financé par le 10ème Fonds Européen de Développement (FED).

[2] MDA : Association Médecins D’Afrique.